Marielle Potvin, orthopédagogue / marielle.potvin@gmail.com


Les pots cassés
3 janvier 2011, 21:47
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C’est demain que je recommence…  
On débute par une formation de trois heures.
Les techniques de modifications des comportements indésirables, au préscolaire.
Plein de ressources comme celle-ci    et  celle-ci .   Les techniques d’impact de Danie Beaulieu, aussi.

Mais je ne vais pas commencer par ça. Je vais commencer par leur demander ce qui est fait en prévention. Il y a tellement de choses à faire et à savoir, juste de ce côté.
Avant que la tension monte et que ça dégénère.
Tellement à faire pour habileter ces enfants à mieux se conduire en société. 

Je me souviens d’une anecdote, il n’y a pas si longtemps.  Le petit avait à peine six ans. En consultation avec sa maman, pour des soit-disant problèmes de lecture, quand le cellulaire se met à sonner.

-Oui bonjour…
-J’aimerais parler à Mme votre mère.
-Elle peut pas vous parler, elle est occupée.
  Et il raccroche.

Incrédule, je les regarde…
Non seulement avait-elle laissé ce petit prendre l’initiative de répondre au téléphone, qui était en passant  DANS SON SAC À MAIN, mais en plus, elle l’avait laissé, sans broncher, agir de cette façon.
Ce n’est que plus tard, quand il est allé explorer dans mon pupitre qu’il a su que je n’acceptais pas… Parce qu’il a fallu que je lui dise. La maman n’y a pas songé une seconde. 

Faut pas se surprendre que les profs en soient décoiffés pas à peu près, des fois.
Imaginez en avoir quelques-uns, comme ça, dans votre classe. Ça vous bousille un climat que c’est pas long. 

Faudra que je leur dise.  Ils ne sont pas seuls à ne pas savoir comment s’en sortir pour établir un climat harmonieux. Mais pour y arriver, ils doivent maîtriser des habiletés techniques:
 
Créer un lien avec l’enfant.
Structurer l’environnement.
Observer et rétroagir.
Enseigner  l’auto-contrôle et  la détente,
utiliser la proximité et le contrôle par le toucher,
l’aide opportune,
la décontamination par l’humour,
moduler sa participation émotive aux activités de l’élève,
ignorer intentionnellement lorsqu’approprié, 
utiliser l’injection d’affection pour aider l’éleve à se contrôler dans les moments d’anxiété, 
maîtriser et gérer  la permission et l’interdiction,
l’appel direct,
les promesses et les punitions,
la contrainte physique,
la restriction de l’espace…

C’est tellement difficile à gérer pour une seule personne avec une vingtaine d’enfants, que je me surprends parfois que les hôpitaux psychiatriques ne comptent pas plus de patients parmi les enseignants. N’empêche. Faudra que je leur dise ce qu’on peut faire pour minimiser l’étendue des dégâts. Faudra que je les aide à réparer les pots cassés.

Les trucs préventifs, les trucs réactifs.
Les techniques à utiliser.
Quand et comment.
Quand elles sont appropriées, et quand elles sont contre-indiquées. 
La sagesse, comme on dit, d’en connaître la différence. 
La capacité de discerner  un problème de comportement et un problème de discipline.
Le contact visuel,
la distance à respecter pour formuler une requête,
la façon de le faire,
le ton à utiliser,
combien de fois répéter,
à quel intervalle,
comment amener l’élève à reformuler…
Gérer l’attention qu’on porte à chacun.
Renforcer positivement, dans une proportion de 5X plus que négativement. 

Tenir à jour les dossiers des élèves à risque.
Signaler à la direction ceux qui nécessitent une aide extérieure.
Interagir avec les parents.
Détecter les problèmes d’anxiété et les distinguer des tentatives de manipulation.  
Et j’en passe…  

Demain, je reprends le collier. Avec grand plaisir.  On a des perles de profs 😉
Je m’efforce cependant de ne pas le dire, mais à force de piloter la classe avec des techniques, il est de plus en plus difficile d’entendre la voix du coeur.

Marielle Potvin, orthopédagogue



C’est parti !
24 août 2009, 23:23
Filed under: formation, rentrée scolaire | Étiquettes:

J’ai bien failli ne pas écrire aujourd’hui. Mais voilà que je rallume l’ordi et je fais un peu de lumière .  Comme si je craignais de laisser s’échapper quelques souvenirs.
Tout au long du chemin du retour, une impression d’accomplissement.

Devant moi, une trentaine d’enseignants. Ils proviennent d’un peu partout dans la province, et se réunissent pour recevoir quelques formations en ce début d’année scolaire.
Cette année, ils la passeront avec des petits. 3, 4 et 5 ans.   Il m’a fait un grand plaisir de préparer et de leur présenter une formation sur le développement de la motricité fine. 

Surtout, de rencontrer ces éducateurs, qui affichent une telle soif de se développer professionnellement, de donner le meilleur à ces petits.  Des gens motivés, qui s’interrogent, participent, échangent… Plusieurs revenaient  aujourd’hui même de leurs vacances. Je ne saurais dire lesquels.

On le sait, le système scolaire est loin d’être parfait, mais comme il fait bon savoir qu’on trouve encore, dans certains milieux, la qualité essentielle pour enseigner convenablement. Cela s’appelle la passion.
Vous ne la trouverez dans aucune convention collective, rarement dans un C.V. et souvent, on a oublié de vous en parler à l’université.  

À ce sujet , j’ai le goût de ressortir un texte glané un jour sur le site de François Guité:

Pour ceux qui cherchent encore. Qui s’investissent et savent à quel point l’impact qu’ils ont sur les enfants est important.

Et avant d’aller dormir, j’offre aux personnes qui se reconnaîtront, un lien que je leur ai promis aujourd’hui : 

À vous tous, bonne rentrée !

Marielle Potvin, orthopédagogue
marielle.potvin@gmail.com
450 687-8181



Le désordre alphabétique

 

C’était une petite qui avait terminé sa 1ère année. Tout l’été, ses parents ont hésité… Doublera?   Doublera pas ?

Nous avons parlé de ses amis:  TO et MA     Lisez   Théo  et Emma…

Voulant bien faire, son enseignante au préscolaire, celle en 1ère année et ses parents s’étaient fait un devoir de lui apprendre l’alphabet, dès son jeune âge. 
Entre vous et moi, à quoi ça sert, l’alphabet, si ce n’est que pour chercher dans le dictionnaire ? 

Pourtant, bon an mal an, on s’attend à ce que les enfants qui se présentent en première année connaissent l’ alphabet, et dans l’ordre s’il-vous-plaît…
Or, ne vous en déplaise, il s’agit d’une pratique plutôt discutable. Voyez-vous,  de 10 à 15% des élèves du primaire ont des difficultés d’apprentissage de la lecture,
et la principale cause de ces difficultés réside dans le manque de maitrise de la conscience phonologique.

La conscience phonologique désigne l’habileté à découper les mots en sons, ce qui permet de manipuler les syllabes, d’en ajouter, d’en retrancher ou encore de comprendre les rimes.

Cette habileté va plus loin que la seule découverte des syllabes et comprend la notion de phonème, soit la plus petite unité du langage parlé incluant l’articulation des consonnes et qui est à la base du décodage de l’écriture (le mot maison, par exemple, comporte deux syllabes et quatre phonèmes: m-è-z-on).

Cette conscience se développe normalement vers quatre ans et est essentielle à la lecture puisqu’elle est à l’origine de la transcription des sons.
Plus cette conscience est avancée et constitue un automatisme, plus les autres tâches de lecture seront facilitées.
Certains enfants n’y sont pas parvenus à six ans, ce qui entraine pour eux non seulement des difficultés de lecture mais également des retards dans tous les autres apprentissages.
Notons qu’il est plus facile pour l’enfant d’associer une lettre au son qu’elle produit, pour ensuite en apprendre le nom, que l’inverse.

Donc, si on revient à notre petite, dès que je lui ai fait lire quelques mots et que je l’ai fait écrire, il est apparu évident, autant à sa mère qu’à moi, qu’il y avait confusion au niveau du nom des lettres et du son produit par celles-ci.  Avec pour résultat que l’enfant produisait des écrits incompréhensibles.  Le mot bébé, par exemple, s’écrivait bb.   Le mot céleri  devenait cle…  La lettre ri n’existe pas, me dit-elle…

En fait, il n’y avait qu’avec les voyelles qu’elle se débrouillait tout à fait bien.  Or, ce sont les seules lettres qui se prononcent exactement comme leur nom 😉   

Il ne m’en fallait pas plus pour l’aider à reconstruire sa conscience des syllabes et des sons.  Je me suis servie d’un logiciel produit par Mme Marine Blondeau, orthophoniste: 
Phono- Quizz     http://bit.ly/8B6qo   
En trois rencontres, il a été possible que cette enfant, dont on soupçonnait une dyslexie, puisse avoir accès à la lecture et à l’écriture.
Son seul problème résidait véritablement dans le fait qu’elle confondait les sons des lettres avec le nom de celles-ci.  Ce n’est pas, et de loin, la première fois que je constatais cette difficulté chez un élève de cet âge.

Rappellons-nous:  un son, ça s’entend.   Une lettre, ça se voit . 

Toujours est-il que cette élève entreprendra sa deuxième année très bientôt. Il y a encore des apprentissages à consolider, mais avec un peu de pratique  chaque jour, elle va s’en tirer.

Je n’encourage personne à enseigner l’alphabet aux moins de sept ans.  Même si c’est bien mignon …

Marielle Potvin, orthopédagogue
marielle.potvin@gmail.com
450 687-8181