Marielle Potvin, orthopédagogue / marielle.potvin@gmail.com


Gens d’éducation, manifestons!

Je vais chez Réno-Dépôt pour acheter un barbecue.
En me dirigeant vers le rayon concerné, je passe devant un présentoir animé par un charmant vendeur qui veut m’intéresser à son nouvel arrivage de boulons inoxydables hi-tech en titanium en spécial à deux pour un cette semaine.

Je ne m’arrête même pas. je vais acheter mon barbecue.

Mais, de retour chez moi, en montant le barbecue, je m’aperçois que les boulons sont de mauvaise qualité et se fendillent au montage.
Je retourne chez Réno-Dépôt. Et je n’ai plus le même regard sur les fameux boulons …

Avant, c’était des objets, des savoirs extérieurs, des éléments de l’inventaire, des connaissances.
Maintenant, ce sont des ressources. Parce que, maintenant, elles ont du sens et répondent à un besoin.

Comme le vendeur, l’enseignant perd son temps à vouloir vendre des savoirs non contextualisés, vendus pour eux-mêmes.

Pour que l’apprentissage puisse commencer, il faut d’abord que les savoirs soient vus comme des ressources par l’élève. Et donc qu’ils aient du sens. Pas « un jour », « plus tard », « quand tu seras au cegep ».

 

Maintenant, avant même de se mettre au travail.


Imaginons maintenant  la situation suivante:

La tâche:
Avec un garde-manger bien garni, nourrir une famille pendant un mois en utilisant tous les aliments.

L’approche traditionnelle, centrée sur la matière:
Le garde-manger comporte 30 tablettes et le mois compte 30 jours. La planification exige donc de vider une tablette par jour. L’avantage, c’est qu’on sait toujours si on est en avance ou en retard sur le programme et qu’on est pratiquement certain de le couvrir au cours de l’étape. L’inconvénient (mais on n’a rien pour rien!), c’est que le jour où c’est la tablette des condiments qui est planifiée, on mangera du ketchup au déjeuner, de la moutarde au dîner et de la mayo au souper. Mais bon, faut ce qu’il faut.
Qui a dit que manger devait être un plaisir?

L’approche réforme:
La planification repose sur des repas équilibrés, dont les ingrédients puisent toujours dans chacune des tablettes. L’inconvénient, c’est que c’est pas mal compliqué de savoir quel pourcentage de matière a été couvert chaque jour. Mais les gens auront conservé le goût de manger et, à la fin du mois, on aura malgré tout vidé le garde-manger.

Et maintenant…

 

Une conductrice et un conducteur sont placés, séparément, devant la même tâche: arriver à l’heure à un rendez-vous dans une ville inconnue, à la topographie tordue et en disposant seulement de vagues indications routières.

L’un comme l’autre, c’est inévitable, continuent tout droit alors qu’il aurait fallu tourner, ou prennent à droite alors que c’est à gauche qu’il aurait fallu virer. Pourtant, la conductrice arrive à l’heure, alors que le conducteur se perd irrémédiablement.

On peut inférer que, devant ce problème, la conductrice a été plus compétente que le conducteur.

D’où lui vient cette compétence plus grande?

Tout simplement de sa capacité à évaluer elle-même sa propre navigation et à prendre conscience qu’elle s’est peut-être trompée. Elle s’arrête dans un dépanneur pour se faire remettre sur la bonne route, tandis que le conducteur s’obstine à essayer de respecter les indications (qu’il a probablement mal notées!).

Dans cet exemple, c’est la capacité métacognitive de la conductrice qui a fait toute la différence.

Il en va de même en apprentissage. Il n’est pas suffisant que l’élève fasse: il faut aussi qu’il réfléchisse à ce qu’il fait. La conscience de la portée et des limites de sa propre compétence fait partie intégrante de la compétence; c’est même une condition essentielle du développement de cette compétence.

Ne pas savoir, mais savoir qu’on ne sait pas, c’est savoir davantage que savoir sans savoir que l’on sait...

J’ai piqué ces exemples chez DISCAS, qui  fut un bureau privé de consultation pédagogique québécois qui oeuvra dans le monde de l’éducation de 1987 à 2006. Pour l’essentiel de ces années, il a été constitué de deux consultants-pédagogues: Jacques Henry et Jocelyne Cormier. Aujourd’hui retraités, ils ont mis fin aux activités professionnelles de DISCAS en juin 2006.

J’ai toujours plaisir à relire leurs écrits, que l’on peut retrouver ici .

Tout ça pour vous inviterà poursuivre une réflexion essentielle, en vous apropriant le Manifeste pour une école compétente.

Manifeste pour une école compétente , dont vous trouverez la source ici, est le résultat de la collaboration de professeurs et professeures en sciences de l’éducation de toutes les universités au Québec, tant francophones qu’anglophones.
Ils y affirment à la fois la nécessité de faire de l’éducation une priorité et le souhait qu’elle continue d’être innovante et créatrice, qu’elle contribue au développement global de tous les élèves et qu’elle soit à l’avant-garde sur le plan international.

Ce manifeste constitue une production à caractère unique dans l’histoire de l’éducation au Québec. 
On en retrouve la version courte ici.

Bien sûr, on peut ne pas s’y intéresser, ne pas en prendre connaissance et ne pas signer.
Mais alors, ne me parlez pas de réforme et d’éducation.

Note: Au moment d’écrire ces lignes, le compte des personnes qui ont signé ce manifeste était de 1210. 
Il est maintenant de 1211. Je vous invite à en faire autant, en vous rendant ici et à venir exprimer en commentaire au bas de cette page, les raisons de votre appui.

Mise à jour du samedi 30 avril, 17h:   1319 votes!    Ça avance 😉

Vous pouvez aussi venir participer à la discussion entourant ce sujet, sur ma page Facebook.
Soyez les bienvenus.

 
Marielle Potvin, orthopédagogue



Là tu parles d’un manuel scolaire!
23 avril 2011, 11:45
Filed under: Non classé | Étiquettes: , , ,

J’ai toujours trouvé ça contradictoire…

Depuis qu’on a pris le virage technologique en éducation, on continue toujours d’utiliser des manuels scolaires, en prônant du même souffle des valeurs écologiques.   Des tonnes et des tonnes de papier sont utilisés chaque année dans les écoles.  Des manuels, qui, je le répète, sont désuets dès leur sortie des maisons d’impression. Les connaissances se développent à une vitesse telle, et de façon si exponentielle que personne ne peut les suivre en mode imprimé.

Qui aurait pu prévoir le tremblement de terre qui a secoué le Japon, en mars dernier? Pendant que le monde entier était ébranlé par cette nouvelle, que l’aide internationale se mobilisait, on manquait le bateau, ici, en ne saisissant pas cette occasion d’éduquer à l’avènement de catastrophes naturelles, de faire un brin de géographie et de sciences ou en contribuant à développer le sens de l’autre chez nos élèves.

Non, la vie poursuivait son cours, dans notre coin de pays, comme si de rien n’était. Peu d’enseignants ont même abordé la question avec leurs élèves.
La planète ‘école’ n’a pas beaucoup de liens avec l’autre, la vraie, sur laquelle nos enfants grandissent.

Faut-il s’étonner de tant d’indifférence de leur part, une fois devenus grands?

Et si l’école se reconnectait?  Ça pourrait vouloir dire que l’enseignant devient le chef d’orchestre qu’il est sensé être.
Un véritable passeur de culture et de savoirs. Un véritable connecteur au monde…
 

 

 

Marielle Potvin, orthopédagogue



Âmes sensibles, s’abstenir.
26 mars 2011, 21:36
Filed under: Fondation Jasmin Roy, ressources | Étiquettes: ,

  

La Fondation Jasmin Roy revient avec une 2e offensive pour contrer l’intimidation en milieu scolaire.

La parole est maintenant aux victimes. À cet effet, un important lancement public aura lieu le lundi 28 mars prochain.

Jasmin Roy, Chantal Longpré (présidente de la FQDE) de même que certaines victimes nous présenteront les dernières capsules web réalisées. Coeurs sensibles s’abstenir. 

  

 
 
 

 

(Cliquez pour agrandir )

Hum …

Lundi soir, moi, je suis au Centre d’ apprentissage. Deux consultations que je ne peux que difficilement déplacer ou reporter. 

À moins que …  Non, je ne peux pas faire ça.

Je travaille souvent en soirée et le samedi, je suis habituée à faire certains sacrifices. Celui de devoir renoncer à cette invitation en est un.

Quelqu’un veut y aller à ma place ? 

Contactez-moi par courriel  :     marielle.potvin@gmail.com       Vous serez mes yeux et mes oreilles!

Mais j’y pense… Madame Beauchamp, ça vous tente ?  

Marielle Potvin, orthopédagogue

  

 



Entre nous

Des fois, je me risque. Je dis que je rêve d’une école sans papier, juste pour voir les réactions.

Les gens, en général, ne pensent pas que ce soit possible.

Pourtant, ça l’est, et sur une planète pas bien loin de chez vous

‘Dans mon livre à moi’, c’est presque injuste que certains élèves aient accès à ce monde alors que d’autres ne savent même pas qu’il existe.

Chaque fois qu’il se produit quelque chose d’important, dans le monde, je reviens à cette réflexion: AUCUN manuel scolaire ne peut être à jour au sujet des informations que les jeunes doivent connaître, comprendre, ou dont ils ont besoin de parler.
Vous connaissez un manuel de sciences dans lequel on aborde la question des gaz de schistes, vous?  


Cette vidéo pourrait à elle seule générer des situations de lecture et d’écriture tellement riches, mais surtout, cette réflexion contribuerait à développer le sens critique
de ceux qui la visionnent et font une recherche sur le sujet, dans le but de mettre en commun leurs informations.

Quand je pense qu’encore aujourd’hui, par exemple, certains jeunes de 3ème secondaire se feront suer dans une classe de maths, à tenter de comprendre des concepts dont ils ne se serviront probablement jamais, pour la plupart. Pendant le cours, ils se demanderont  (quand ils ne dorment pas ou n’envoient pas de textos en cachette) ce qu’il adviendrait si une autre centrale nucléaire explosait au Japon.

Mais on n’aborde pas ce sujet à l’école…
C’est un monde à part, où le Programme règne en maître absolu, auquel tous doivent se conformer.

Pourtant, il suffirait de presque rien, un portable par élève, disons, pour remplacer tous les manuels dont ils n’ont pas besoin. Calculez comme vous voudrez. Vous en arriverez à la conclusion que ce ne serait pas plus cher, si votre argument est d’ordre économique. Sinon, j’aimerais bien savoir de quel ordre il est…

Voyons voir ce qu’il serait possible d’utiliser…
Vous connaissez Scoop ?

 

On y abordait cette semaine le sujet du séisme au Japon.

À la fin des activités, l’élève sera capable de :
  • savoir où se situe le séisme qui a eu lieu au Japon ;
  • expliquer pourquoi le Japon est une zone à risque sismique élevé ;
  • comprendre l’origine de ce séisme ;
  • citer les trois origines possibles d’un séisme ;
  • connaître les deux échelles de mesure d’un séisme ;
  • rédiger un texte journalistique.

Compétences transversales

Ordre intellectuel
           Exploiter l’information
            Faire preuve de créativité

            Ordre méthodologique
            Se donner des méthodes de travail efficaces
            Exploiter les technologies de l’information et de la communication

          Ordre de la communication
            Communiquer de façon appropriée

           Ordre personnel et social
           Travailler en groupe

Voyez, il y a tout ce qu’il faut pour le prof qui veut exactement savoir ce que cette fiche va développer chez l’élève et comment le faire.
Bien sûr, on sort ici de notre zone de confort. Un peu plus et on a l’impression de naviguer sans boussole, quand on ne tient pas un manuel à deux mains!
Alors on s’accroche.
Il était  déjà désuet avant de sortir des presses d’imprimerie, mais bon, on fait avec.

J’ai hâte qu’on se fasse assez confiance, comme professionnels, pour adapter nos façons de faire.  
Dans quelques années, ces jeunes iront voter.

Il faudrait qu’ils puissent le faire mieux que nous, non ?

Marielle Potvin, orthopédagogue



Je pense à nos amis du Japon…
15 mars 2011, 08:56
Filed under: Non classé | Étiquettes: , , ,

Durant les prochains jours, je vais publier ici des vidéos touchantes et inspirantes qui proviennent de ce pays actuellement si éprouvé.

Que nos pensées les accompagnent.

Marielle Potvin, orthopédagogue



Une école pour la vie

J’aimerais dédier ce billet à mes amis de Clair, au Nouveau-Brunswick.
Il s’y tient ces jours-ci un Colloque auquel je n’ai pu, cette année, participer. J’aimerais cependant les remercier de m’inspirer et les encourager à continuer à innover de si belles façons.  Pour qu’un jour nous puissions tous réaliser, comme eux,  »Une école pour la vie…! »

Étant né dans un famille fortunée et  longtemps avant que le moment ne soit  venu,  ses parents se sont demandés quels choix ils feraient pour leur fils.  Comme ils habitaient un grande ville, ils ont fait le tour des établissements publics et privés.  Leur premier choix s’est dirigé, tout naturellement,  vers un établissement privé.Les parents, tous deux artistes de renom, ont trouvé l’atmosphère un peu guindée, et se sont demandés si leur fils s’épanouirait, artistiquement, dans ce milieu. 
Ils trouvaient le climat plutôt ‘uniformisé’,  mais bon, tous les enfants de leurs amis fréquentaient cette école privée.
C’est cher?  Peu importe. Ils n’en sont pas à huit ou neuf mille dollars près par année.

Ouverts d’esprit, ils ont  envisagé d’autres options: l’école publique, régulière ou alternative.  Une seule visite à l’école alternative les a convaincus : d’abord, elle est située beaucoup trop loin de chez eux, et ensuite, l’ implication demandée aux parents est trop importante pour le temps dont ils disposent. Sans compter que souvent, ils voyagent à l’extérieur et confient le petit à une nounou. Celle-ci ne devra quand même pas s’engager à  animer des cours de compostage ou de musique. Une bonne nounou, c’est déjà assez rare, merci !

Restait donc l’école publique. J’ai tellement ri quand le papa me racontait qu’à la première rencontre, la directrice lui a expliqué que  ‘Ça va têtre tellement le fun de prendre l’etobus ! Quand qu’on va en sortie, ça l’arrive qu’on la prenne !   

Ces deux phrases lui ont permis de prendre sa décision.  Pas question qu’il fasse même garder son fils par cette personne! Déjà qu’ils craignaient pour la sécurité du petit;  ils n’entendaient pas lui faire risquer une telle contamination. Sa nounou était unilingue anglophone (ce sont les meilleures, parait-il), alors c’est une priorité que l’école lui présente un français correct.

 
Leur décision était prise. L’inscription du petit Damien se ferait à l’école privée.  Déjà qu’ils  lisaient dans les journaux tout plein de trucs, et ils n’avaient pas encore comparé le nombre d’élèves par classe, ni visité les toilettes… 

Aujourd’hui, il en est déjà à sa 3ème année. Tous les matins, il vêt son petit uniforme, et part recevoir un enseignement hors du temps qui inspire confiance aux parents. Aucun élève en trouble de comportement ne vient perturber la sérénité de Damien. Les enseignantes connaissent tous les élèves par leur nom, l’école est propre et bien tenue. 
Rien à redire.  

Sans le dire à son enseignante, ses parents m’amènent Damien, dont la motivation est en chute libre depuis quelques temps.
 » Regardez ses cahiers, me dit la maman. Les notes, dans ses dictées, baissent de jour en jour !  »   Je n’avais jamais vu une écriture aussi parfaite.
Cet enfant n’écrivait pas, il dessinait! À la plume fontaine, s’il vous plait!
  
À ce sujet, par exemple, le papa me fait remarquer qu’il faut leur donner ça, à ses professeurs. Tous les enfants écrivent très bien, à cette école.
C’est beau, n’est-ce pas ?

Vous pouvez vérifier, ce billet est écrit en date du samedi 29 janvier 2011.  Et Damien, c’est il y a deux semaines que je l’ai rencontré pour la première fois.

Comment expliquer à ces parents que Damien commence à se rendre compte que les apprentissages qu’on lui demande de faire à l’école ne sont peut-être là que pour enorgueillir, justement, l’établissement qu’il fréquente?   Regardez comme c’est beau! 

Combien d’heures a-t-il passé sous le regard implacable de la maîtresse, pour en arriver à ce résultat?  

Je sais bien. Il n’en mourra pas.   C’est sa motivation, par exemple, qui ne résistera peut-être pas.  Je ne savais pas trop par quel bout prendre ça au début. Je n’étais quand même pas pour démontrer mes états d’âme devant cet enfant, qui avait l’air assez penaud comme ça.  Aussi,  je me suis bien gardée de leur parler de mon blogue.

Me restait à voir pourquoi les résultats de Damien avait subitement chuté en orthographe…
Voulant prendre exemple sur ce qu’il devait mémoriser dans sa liste de mots, on m’a tendu ce livre :

Ouf!   1956…  Je n’étais pas encore née.  C’est vieux, ça, madame…

Tout de suite, on me précise : les manuels sont parfois désuets, mais des fois, les bonnes vieilles méthodes…
Et puis, on n’utilise pas ça tout le temps, juste quelques fois par semaine.

Je venais de comprendre pas mal de trucs.
Damien commençait à comparer l’école avec… la vraie vie.  

En complément, cette vidéo. Elle date un peu, mais jamais autant que certains manuels scolaires(à suivre)Marielle Potvin, orthopédagogue



La fondation Jasmin Roy

C’est aujourd’hui, 17h,  que ça se passe !

Il y aura le lancement public de la Fondation Jasmin Roy.

La Fondation Jasmin Roy a pour mission de lutter contre l’intimidation en milieu scolaire et soutenir les victimes de violence à l’école. Le but de la Fondation est d’assurer un milieu sain et sécuritaire pour les élèves en soutenant toutes les initiatives citoyennes qui luttent contre la discrimination et la violence à l’école. La Fondation Jasmin Roy se donne comme mandat de faire les pressions nécessaires sur la machine gouvermentale et d’assister les principaux intervenants du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport pour trouver des solutions durables au problème de l’intimidation en milieu scolaire. La Fondation s’engage à faire la lutte au décrochage scolaire lié à l’intimidation à l’école et à sensibiliser la population à ce problème.

Je souhaite vivement que cette lutte ne se limite pas à l’intimidation de nature homophobe. Je sais. La tâche est déjà énorme, mais à la base, c’est l’intimidation tout court qui est ciblée. Parce que si ce n’est pas pour cette raison, c’en est pour d’autres…
Si on commençait par s’impliquer dans la façon dont les élèves se parlent entre eux. Se faire triter de fif, c’est pas rose. Se faire traiter de con non plus.  Pourtant, cette façon de s’adresser est devenue tellement banale !

Récemment, j’intervenais pour inciter un élève à s’exprimer correctement envers son copain qu’il venait, tout bonnement, de traiter de cave.
-Hey… on ne se parle pas comme ça, lui dis-je.
-Ben quoi, c’est mon ami.

JUSTEMENT!  Je n’arrive pas à comprendre ce raisonnement; c’est mon ami, alors je me permets de m’adresser à lui de n’importe quelle façon.  J’ai même entendu, et il parait que c’est monnaie courante, dans une école secondaire « Salut la pute »…  Mais c’était son amie.  Ben oui … Et celle qui a reçu le compliment n’en a pas fait  de cas. Curieux, quand même que cette culture qui permet de proférer des insultes et d’en recevoir en faisant comme si tout cela était normal.  Cool, même.

Il est temps de mettre un terme à l’intimidation dans nos écoles. Je m’engage dans la lutte. Et vous?

Voici le lien pour visionner les autres capsules vidéos, en lien avec cette fondation, qui mérite nos encouragements et nos félicitations!

Mise à jour du 1er décembre:  Vous l’avez manqué?  Voici une occasion de revoir le lancement de la Fondation Jasmin Roy.
Merci à Mario Asselin, pour l’avoir mis en ligne 😉 


Marielle Potvin, orthopédagogue
marielle.potvin@gmail.com

 



Triste jour.
14 octobre 2010, 20:05
Filed under: Non classé | Étiquettes: , ,

Je me suis levée ce matin en me rappelant qu’il y a un an, jour pour jour, j’écrivais ici un billet dont je suis encore satisfaite, contre vents et marées.

Je ne me doutais pas que quelques jours plus tard, un huissier sonnerait chez moi pour me remettre une mise en demeure, que je recevrais en étant fière de n’avoir pas eu peur et d’avoir osé écrire.

Ah, il en a suscité des réactions, c’est parfois ce qui arrive quand on ne fait pas dans la guimauve.

On aimerait croire qu’on peut faire confiance, que l’école donnera à nos enfants le minimum de services dont ils ont besoin pour leur réussite.

On aimerait croire…

On aimerait penser que ces services vont de soi, que tout est mis en œuvre pour apporter à chacun les meilleures chances.

On aimerait le penser.

Mais on sait, quand on frôle de près la situation, que telle n’est pas la réalité. Les parents qui ont un enfant en difficulté le savent, en tous cas;
et personnellement, il me serait bien difficile de penser différemment.

Ils sont nombreux, à offrir à leur enfant des services (dont les miens) qu’ils devraient recevoir à l’école.

Plusieurs échangent deux demi-heures/semaine d’orthopédagogie à l’école, en groupe de trois ou quatre enfants, contre une heure/semaine de consultation et d’intervention orthopédagogique avec moi ou avec un autre professionnel. À leur frais. Quand ils en ont les moyens.

Ce matin, j’ai eu une pensée pour eux. Ils devaient se sentir bien seuls, quand ils ont appris que les droits de leurs enfants étaient encore une fois bafoués, que leur désarroi était encore une fois ignoré.

Parmi les 30 % de décrocheurs que nous avons au Québec, je me demande parfois combien ils sont, ces enfants dont le succès scolaire est irrémédiablement mal parti.

Je commémore tristement la parution de ce billet, que j’aurais bien préféré ne jamais avoir eu à écrire.

Marielle Potvin, orthopédagogue



Le ver est dans la pomme
13 septembre 2010, 10:08
Filed under: Non classé | Étiquettes: , ,

Pendant que je prenais congé de la planète, durant une toute petite semaine, il s’en est passé, des choses!
Je fais la revue de presse et plusieurs d’entre elles attirent mon attention.
Au TOP numéro un cette semaine,  Apprendre de ses erreurs, publié dans « Le Soleil », par Brigitte Breton.

Je ne peux faire la lecture de cet article sans me remémorer que comme tant d’autres, je faisais partie  de ce projet si prometteur.  En tant qu’orthopédagogue, j’étais responsable du suivi d’un groupe de 1ère secondaire. Des élèves à risque d’échecs.  Mon mandat consistait principalement à mettre en place des moyens pour favoriser leur réussite. 
J’ai déjà écrit un billet  au sujet de cette expérience.   Je n’y reviendrai pas. 

J’ajouterai seulement que c’est à ce moment que j’ai décroché du système public.   J’aimais mieux aller manger des croûtes, et de façon très incertaine, que de contribuer à nourrir cette illusion.
Bien oui, les parents étaient contents. Pour une fois, leur école avait embauché une orthopédagogue à temps plein, pour un seul groupe d’élèves. Pour une fois, ils avaient confiance qu’avec ce supplément d’aide, ils pouvaient dormir tranquille quant à la réussite de leur jeune.

Si Agir autrement a contribué à améliorer le climat à l’école, à réduire la violence, à diminuer les problèmes liés à la consommation de drogue et à développer de meilleures relations entre les enseignants, les élèves et les parents, ce qui est loin d’être banal et inutile dans les milieux démunis, ses effets paraissent cependant nuls sur la réussite scolaire et le décrochage. Une gifle pour tous les ministres de l’Éducation, péquistes et libéraux, qui depuis 2002 ont misé sur cette stratégie sans savoir si les transformations souhaitées étaient au rendez-vous. (Extrait de l’article de Mme Breton)

La table était pourtant bien mise, elle avait revêtu sa belle robe.  La  vaisselle scintillait et faisait espérer un repas des mieux préparés. Le menu,  alléchant, permettait  tous les espoirs. Et si, finalement, on avait trouvé la recette ?  Pas encore…

Si je retourne consulter les documents relatifs à cette stratégie d’intervention, la page 3 attire particulièrement mon attention.

Curieux, quand même, que  la place de la motivation scolaire ne soit  pas prioritaire, parmi les éléments énumérés. Or, je persiste; sans cet élément, placé en tête de liste, le reste ne peut suivre.
Voilà en quoi les ingrédients étaient périmés.  Rien, ou presque,  n’avait changé dans les pratiques éducatives. J’en connais qui auraient favorisé la réussite d’une horde d’élèves, et pendant des années, rien qu’avec le budget qui a été utilisé pour la publicité de ce programme. Trouvez l’erreur.

En terminant, je reproduis ici une lettre que M. Paul Inchauspé a fait parvenir au Devoir, le jeudi 9 septembre dernier. Bien dit, je trouve.

Si j’en crois la presse, le programme Agir autrement fut, selon les auteurs d’un rapport d’évaluation, un échec. Et la faute en serait aux écoles, aux commissions scolaires, au ministère. Mais pas aux auteurs mêmes de ce rapport? Or, cette équipe de chercheurs évaluateurs fut, elle-même, à l’origine, le concepteur le plus important de ce programme d’intervention. Cette même équipe a depuis le tout début accompagné les écoles dans ce projet. Elle ne fut qu’un observateur distant, sans effet? Allons, donc.
Il y a plus de cinq ans, j’ai eu l’occasion de rencontrer en Gaspésie des responsables d’écoles secondaires faisant partie de ce projet. À cette occasion, je l’ai examiné de près et j’ai vu que le ver était dans le fruit. Les hypothèses de base des chercheurs, les instruments qu’ils ont produits conduisaient les écoles à changer les choses à la périphérie, à ne pas toucher la relation enseignant-élève dans la classe, à ne pas toucher une organisation scolaire qui empêche la prise en main de groupes d’élèves par un groupe d’enseignants. Ces projets furent pour les chercheurs l’occasion de recueillir une masse d’informations dans leur champ d’intérêt, celui «des environnements scolaires». La moisson faite, il est un peu facile, d’attribuer à d’autres le fait que les changements n’aient pas, hélas, assez porté sur autre chose que la «périphérie».

Paul Inchauspé, Montréal, le 9 septembre 2010
 
À l’intention de tous mes amis, qui étudient au baccalauréat ou à la maîtrise en enseignement:   Je vous invite à lire cet article, qui décrit qui est ce Monsieur Inchauspé, sa vision, sa mission.
Peut-être ne vous en a-t-on pas parlé, à l’université.
 
Marielle Potvin, orthopédagogue
marielle.potvin@gmail.com
438 886-8141


Le danger croît avec l’usage…
26 août 2010, 10:41
Filed under: Non classé | Étiquettes: ,

Vous vous souvenez de ce slogan concernant la cigarette ?
Du temps où les gens étaient plus ou moins conscients de ses effets néfastes sur la santé?

Il me semble me retrouver à la même époque, mais avec un sujet différent.
Alors que l’on croit, bien sincèrement, que certaines émissions éducatives, concues expressément pour les enfants leur apportent une bienfaisante stimulation intellectuelle, voilà qu’on apprend que c’est plutôt le contraire qui se passe.

Désolée pour la pub, et les profiteroles de sa copine (c’est un mal nécessaire, dans ce cas-ci) et vous invite à visionner ce reportage .

En complément, ne manquez pas de vous procurer le dernier numéro du  magazine Québec-Science.
Passionnant , en regard du développement de l’enfant.

À lire absolument, si vous êtes parent, enseignant ou éducateur.

C’est la rentrée, un bon moment pour adopter ou changer les habitudes.

(Non, je ne suis nullement rémunérée pour faire cette publicité. Je vous propose cette ressource de mon propre chef. )

Marielle Potvin, orthopédagogue
marielle.potvin@gmail.com