Marielle Potvin, orthopédagogue / marielle.potvin@gmail.com


Cher petit coco…
25 avril 2014, 15:12
Filed under: Non classé

oeufs_ukrainiens

Tu avais hâte.

La chasse aux oeufs de Pâques devait être pour toi une occasion de plaisir en famille.
Vous vous êtes donc rendus au Centre de la Nature, où avait lieu l’événement et contre toute attente, trois fois plus de personnes que prévu se sont présentées.

Tu as reconnu de tes amis, avec leurs parents…  Ce sera encore plus plaisant!

Malheureusement, tu as assisté à un véritable dérapage. Certains parents ont aidé leurs enfants à sauter par-dessus la barrière, question de leur permettre d’accéder aux oeufs avant tout le monde.
Tu les as vu s’énerver; certains t’ont bousculé.  Mais c’est quand un papa a effrontément volé des oeufs dans ton panier que tu t’es mis à pleurer.

C’est alors que tu as accepté de retourner à la maison.  Tes cocos, tu en auras d’autres, c’est pas grave, que tu t’es dis.
Malheureusement, il n’en est pas de même pour la scène que tu viens de voir.

Des mal-élevés, il y en a plein. Quand vous attendez en ligne, à la caisse de l’épicerie, et qu’une autre se libère, tu as vu les gens se précipiter comme si leur vie en dépendait, essayant de passer devant les autres, autant que possible…

Tu as vu, dépassant votre voiture, les doigts d’honneur des conducteurs pressés, et ceux qui jettent des déchets par la fenêtre, sur l’autoroute.

J’aimerais te dire que ce ne sont que des exceptions.

J’aimerais t’expliquer qu’il n’y avait pas assez de sécurité, ce jour-là,  que les grands n’ont pas fait exprès pour te bousculer, et que c’est par erreur qu’on a pris les oeufs dans ton panier.  Mais tu le sais, je te mentirais.

Ne te reste donc qu’à te blinder contre ces comportements, et à t’employer à les éviter.

Il te faudra être indulgent, parfois, et donner l’exemple, souvent.

Aussi, je te laisse un texte. Il est ancien, mais toujours d’actualité.
Garde-le précieusement, tu auras besoin  de le relire de temps en temps.
Plus tu grandiras, plus il prendra un sens différent chaque fois que tu le liras.

DESIDERATA:

Va paisiblement ton chemin à travers le bruit et la hâte
Et souviens-toi que le silence est paix.
Autant que faire se peut et sans courber la tête,
Sois ami avec tes semblables.
Exprime ta vérité calmement et clairement
Et écoute les autres, même les plus ennuyeux ou les plus ignorants;
Eux aussi ont quelque chose à dire.
Fuis l’homme à la voix haute et autoritaire ; il pêche contre l’esprit.
Ne te compare pas aux autres par crainte de devenir vain ou amer,
Car toujours tu trouveras meilleur ou pire que toi.
Jouis de tes succès mais aussi de tes plans.
Aime ton travail, aussi humble soit-il,
Car c’est un bien réel dans un monde incertain.
Sois sage en affaires car le monde est trompeur.
Mais n’ignore pas non plus que vertu il y a,
Que beaucoup d’hommes poursuivent un idéal
Et que l’héroïsme n’est pas chose si rare.
Sois toi-même. Surtout ne feins pas l’amitié.
N’aborde pas non plus l’amour avec cynisme
Car malgré les vicissitudes et les désenchantements,
Il est aussi vivace que l’herbe que tu foules.
Incline-toi devant l’inévitable passage des ans,
Laissant sans regret la jeunesse et ses plaisirs.
Sache que pour être fort tu dois te préparer
Mais ne succombe pas aux craintes chimériques
Qu’engendrent souvent fatigue et solitude.
En deçà d’une sage discipline, sois bon avec toi-même.
Tu es bien fils de l’univers,
Tout comme les arbres et les étoiles, tu y as ta place.
Quoique tu en penses, il est clair
Que l’univers continue sa marche comme il se doit.
Sois donc en paix avec Dieu
Quel qu’il puisse être pour toi;
Et quelque soit ta tâche et tes aspirations,
Dans le bruit et la confusion, garde ton âme en paix.
Malgré les vilenies, les labeurs, les rêves déçus,
La vie a encore sa beauté.
Sois prudent.
Essaie d’être heureux.

Source : Max Ehrmann, 1927



Conférences en ligne
1 avril 2014, 15:29
Filed under: Non classé

Le 28 février dernier avait lieu l’événement TEDxWilfridBastienEd, à Montréal.
Plusieurs attendaient avec impatience la mise en ligne de ces six conférences inspirantes afin de les visionner sur le Web.

C’est maintenant chose faite,

Si, comme moi, vous les avez manquées, vous serez sûrement contents de l’apprendre.

1.  Vaste enquête sur l’iPad à l’école: Thierry Karsenti  http://bit.ly/1iXnnDs

2.  Passionnés de réussite… Égide Royer   http://bit.ly/QDql6R

3.  Lire et écrire en 2014: Yves Nadon     http://bit.ly/1gLMQ3o

4.  École — les garçons y trouveront-ils leur compte? http://bit.ly/1iaUpOv

5.  Les enfants nous regardent: François Rivest    http://bit.ly/1iXo3sw

 

                                                    Allez, gâtez-vous!

 

Marielle Potvin, orthopédagogue
marielle.potvin@gmail.com

 

 

 



En collants et en cape

L’autre jour, j’ai publié une lettre qu’avait adressé un directeur à une mère d’un élève.
Je ne cite que ce passage, afin de vous situer et vous donner le ton:

 »Par ailleurs, nous n’avons pas l’intention de rencontrer madame Potvin ni de la laisser venir observer en classe.
Je vous demande encore une fois de considérer l’opinion de l’équipe-école et d’y réfléchir. »

Cette maman, qui me consulte au privé avec son fils voudrait bien qu’on établisse une collaboration avec l’école, mais il semblerait que ce soit impossible.  Je croyais qu’il s’agissait d’une malheureuse exception…

J’ai reçu, depuis, de nombreux commentaires provenant de d’autres orthopédagogues en clinique privée, qui portent à croire qu’il s’agit d’une situation beaucoup plus courante que je ne le croyais.

En voici quelques-uns:

Une première m’écrit ceci:
*Dans les dernières semaines, j’ai défendu des élèves, et les choses se sont parfois corsées au point où des directions d’école, après s’être fait prendre en défaut, parce que j’ai démontré aux responsables de leurs C. S. que les mesures d’aides, dont l’ordinateur, sont des outils qui font la différence entre réussite et échec chez un dyslexique de 4e année…
Après avoir gagné la cause, donc,  et le droit d’utiliser l’ordi pour mon élève, un de ces  »petits gérants de caisse populaire de village de campagne » à convoqué la mère pour lui dire qu’à cause d’elle et de la pression que nous avions exercée pour son fils, d’autres élèves de l’école recevraient moins de services, et qu’elle était harcelante…

Une autre m »écrit ceci:
*La semaine dernière, un directeur a sollicité ma présence au P.I….en me disant à demi-mots.  »Mais qu’est-ce que tu peux faire de plus que nous pour cet élève..Montre-nous donc voir, » et il m’invite à apporter le matériel que je produis pour l’élève afin que j’explique à son orthopédagogue comment faire!!!

Une autre, encore…
*Cette semaine, pour un autre élève pour qui, l’ordi et le droit de l’utiliser au moment des évaluations étaient déjà inscrits dans son P.I., (après un an de bataille épique), en discutant avec la mère j’ai réalisé que le seul moment où cet enfant touchait à un clavier, c’était dans mon bureau… J’ai rapidement expliqué aux parents l’importance d’y avoir accès régulièrement à l’école, afin qu’au moment de faire ses évaluations, on ne décide pas d’annuler la mesure, puisqu’elle stipule qu’il doit être habitué de travailler avec cet outil.

L’école a répondu que c’était un problème de droit d’auteur, qu’il pouvait lui photocopier des textes, mais pas les numériser… J’ai contacté Jean Chouinard de récit pédagogique pour avoir l’heure juste et j’ai transmis la réponse aux parents. Ils ont alors contacté la maison d’édition du matériel utilisé en classe. La maison d’édition leur a offert de leur transmettre en format PDF, l’ensemble des textes, et ce gratuitement. Réaction de la direction d’école: elle a engueulé la mère en lui disant qu’elle avait by passé l’école et la CS… je suis également  »invitée » à cette école pour expliquer à l’orthopédagogue comment je fais!!!

Ce sont de déplorables situations que l’on souhaite exceptionnelles, mais je ne suis pas certaine que ce soit le cas. Plusieurs orthopédagogues au privé se demandent s’il ne va pas falloir un super personnage, en collants et en cape, pour défendre les droits des élèves en troubles d’apprentissage.

Personnellement, je crois que le problème réside davantage dans le manque d’informations que reçoivent les directions d’école. 
Il y en a même qui croient que le seul fait de fournir un ordinateur ou une tablette à un élève en difficulté est la solution. On part de loin quand il faut tout expliquer, mais j’encourage mes collègues à le faire patiemment. 

Simplement, je trouve dommage qu’on ait à le faire.

Note: Je tiens aussi à me dissocier de la façon dont certains propos ont été tenus; ils ne sont pas de moi. Comme nous avons convenu de publier ceux-ci, je le fais intégralement, tout en souhaitant qu’une ouverture et un respect réciproque puisse s’installer entre les différentes parties.

Ce n’est que tout récemment, quand les parents ont appris qu’ils ont le droit d’être accompagnés, lors de l’élaboration d’un plan d’intervention, que les services privés d’orthopédagogie ont commencé à être admis dans les écoles. Beaucoup de chemin reste encore à faire avant que tous réalisent que notre mission est finalement la même et que peu importe de quel côté de la clôture nous nous trouvons, l’important est de se centrer sur la réussite de nos élèves.

Marielle Potvin, orthopédagogue



On ne peut pas être contre la vertu.
12 février 2014, 12:50
Filed under: persévérance scolaire

Chaque année, c’est la même chose. Je suis presque gênée d’en parler. J’ai hâte que la semaine finisse et j’espère que personne ne me posera de questions à ce sujet.

À ce que je sache, j’étais la seule personne de mon entourage, ou même de tous les enseignants à ne voir dans cette semaine qu’une immense mascarade qui coûte des milliers de dollars en pub, alors que c’est le tiers-monde dans les écoles au niveau des services aux élèves, entre autres.

Mais ça nous donne bonne conscience.

Hier, je suis tombée sur ce billet qui m’a fait savoir que mon opinion n’était pas si exceptionnelle.

C’est bien beau, encourager les jeunes à persévérer. Mais on aura beau les inciter à ne pas lâcher, à faire du temps jusqu’à au moins seize ans, on va en échapper le tiers, bon an mal an.

On les encourage à quoi, au juste, si ce n’est qu’à persévérer dans un système qui a si peu changé depuis les années ’50 que les jeunes d’ aujourd’hui n’y trouvent plus aucun sens. Ils savent bien que ce qu’on leur demande d’apprendre n’a pas de lien avec la réalité qui se vit hors de l’école. Ils savent bien qu’on les y prépare très peu.

J’ai déjà écrit sur le sujet.  J’aurais aimé qu’au fil du temps ma pensée se transforme et que je me plaise à y apporter des nuances. Ce n’est pas le cas.

Marielle Potvin, orthopédagogue



Aujourd’hui, à  »Experts en série »
10 février 2014, 22:29
Filed under: médias, orthopédagogie, ressources

Dyslexie, dysorthographie, dyscalculie, dyspraxie, dysphasie. Selon les spécialistes, environ 10 % des enfants canadiens auraient un trouble d’apprentissage. Des enfants souvent brillants mais qui peinent tout de même à réussir leurs études.

Cependant, la technologie peut venir en aide à ces élèves au parcours scolaire ardu. Pour l’année 2012-2013, le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport a prévu un budget de 6,6 millions de dollars pour offrir une aide technologique aux élèves qui vivent différentes difficultés.

Ces outils demeurent toutefois controversés. Certains considèrent cette aide comme injuste, d’autres croient plutôt que cette technologie permet aux jeunes d’exploiter leur plein potentiel. Qu’en pensez-vous?

J’en parle aujourd’hui avec Marielle Potvin, orthopédagogue. http://bit.ly/MGgryP
(
On me signale qu’il est préférable d’utiliser un autre navigateur que ‘Chrome’, pour écouter le podcast. )

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Une autre belle occasion de diffuser des informations m’a ainsi été offerte. 

Merci Marianne Paquette de me permettre de partager cet aspect de ma profession. 

Marielle Potvin, orthopédagogue
marielle.potvin@gmail.com
438-886-8141



Lettre à une jeune (presque) finissante en enseignement.
9 février 2014, 20:30
Filed under: formation, plaisir d'apprendre

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Bonjour à toi, que j’ai rencontrée vendredi dernier. La petite heure que nous avons passée ensemble m’a semblé bien courte.
J’aurais aimé te dire tant de choses…

Pour te connaître un peu, je t’ai d’abord demandé quels étaient tes modèles, en éducation. Je brûlais de savoir ceux qu’on t’avait suggérés, à l’Université.

Bien sûr, il peut y avoir ta mère, ton maître-associé, ou quelque enseignant que tu croises sur ton chemin. Mais tu ne connais pas Égide Royer, très peu Antoine de La Garanderie, si peu Howard Gardner, presque pas Rock Chouinard ou Jean Archambault.
Yves Nadon et Jean-Guy Lemery, j’ai pas osé…

Toi qui est dans une période cruciale du développement de ton identité professionnelle, quelle prof deviendras-tu, si tu ne t’inspires que de ce qui se fait déjà?  Comment pourras-tu innover, si tu n’as comme modèles que ce qui existe depuis longtemps et se perpétue, bien souvent au mépris de ce que nous savons maintenant, en éducation. Comment pourras-tu garder la passion d’enseigner, si tu ne fais que reproduire encore et toujours ce qui, bien souvent, ne marche pas?

Dans six mois, t’entendra-t-on demander aux élèves de recopier trois fois leurs erreurs dans leurs cahiers, sans jamais leur enseigner comment apprendre et mémoriser?  Iras-tu, de ton stylo, barbouiller leurs cahiers de rouge, croyant que tu es en train d’évaluer leurs connaissances?  Croiras-tu que parce qu’ils ont produit, ils ont appris?  Seras-tu démunie devant l’élève en difficulté? Sauras-tu reconnaître un trouble d’apprentissage? Un élève doué? Connaîtras-tu les subtiles différences entre l’élève anxieux et celui en déficit d’attention?  Quelles interventions mettras-tu en place pour créer un climat de classe sécurisant où il fait bon apprendre?

Nous devions parler des plans d’intervention. Savais-tu que dans certaines classes, devoir faire quatre, cinq, ou même six plans d’intervention n’est pas une chose rare? Certains commenceront à enseigner en en faisant un pour chaque élève à risque, alors que d’autres croient qu’on doive attendre que cet élève accuse deux ans de retard. N’est-ce pas un début de perpétuation des inégalités scolaires, déjà si présentes dans les écoles?  J’espère, d’une part, ne pas t’avoir découragée, et d’autre part, qu’on aura l’occasion d’en reparler. Entre temps, je te laisse quelques ressources pour que tu puisses te familiariser avec  tout cela afin d’être un peu plus prête à assumer ce qui t’attend.

Tu le sais, tu t’engageras bientôt dans une des professions les plus importantes qui soient, mais aussi parmi les plus difficiles. Puisses-tu avoir de bons repères auxquels te raccrocher, quand tu auras l’impression de ne pas pouvoir y arriver.

Puisses-tu avoir le vent dans le dos tout au long de ce merveilleux voyage.

*Je te parlais des ouvrages de Égide Qui? Royer:

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…et de d’autres ressources intéressantes pour toi:

-Un PIA (plan d’intervention adapté), qu’est-ce que c’est?

Pour aller plus loin au sujet du Plan d’intervention adapté:

Exemples de difficultés
Exemples de forces
Guide d’accompagnement à l’intention des parents

Communoutils.  Tu vas aimer, je pense  😉
Canevas de plan d’intervention:
Prends de l’avance, prends-en connaissance!

Un autre document intéressant:
Tu sais, quand tu n’arrives pas à dormir ;-)))

-Une autre belle ressource et finalement, puisque tu es étudiante en
éducation, tu peux en profiter pour bénéficier d’un abonnement gratuit
sur  »Mes grilles ».

Surtout, pose des questions, fouille, cherche, trouve et n’arrête jamais d’être curieuse.    Achale-moi!!     Gêne-toi pas 😉

Marielle Potvin
marielle.potvin@gmail.com
438-886-8141



Hermétisme
6 février 2014, 13:50
Filed under: orthopédagogie, ressources, services privés aux élèves

Je reviens sur ce billet, posté il y a quelques jours, et pour lequel vous avez été nombreux à réagir. La maman était venue me consulter avec son fils en raison des manifestations de découragement de celui-ci face au travail demandé.

Le petit qui faisait ‘des trous de larmes’, dans son cahier. Il m’avait ému, tout comme vous.

Puisque nous avons tous la même mission, puisque nous avons tous les besoins des enfants au coeur de nos préoccupations; puisque nous entendons régulièrement dire que l’implication des parents est importante pour la réussite de nos jeunes, puisque les écoles prétendent présenter une ouverture envers les parents, quel mal y aurait-il à ce que je participe?

Il s’agit d’un enfant que j’apprends à connaître de plus en plus. Il me manque cependant des informations importantes que je ne peux obtenir quand je le rencontre en privé avec sa mère.

Je n’ai pas toujours réponse à tout, mais en plus d’être orthopédagogue, je possède une solide expertise en troubles du comportement.

Je reproduis ici la lettre du directeur, en réponse à la demande de la maman de m’impliquer dans le dossier. Remarquez, je ne le prends pas mal personnellement; je constate simplement que l’école peut parfois être un milieu hermétique, qui se ferme aux échanges avec des professionnels de l’extérieur.

**************************

Bonjour Madame ***,

Je vous remercie de me tenir au courant des développements dans l’évolution du dossier de votre fils.
J’aimerais saluer votre initiative d’offrir à *** des services au privé. Par contre, j’aimerais vous mettre en garde contre l’éparpillement que je constate dans les services à offrir à ***.
(Comment dire quelque chose et son contraire dans le même paragraphe…)

Maintenant, vous nous annoncez que madame Potvin, orthopédagogue, viendra travailler des techniques de modification de comportement. Il me semble que c’est plutôt le champ de compétence de la psychoéducation.

(Ah, les compartiments, que c’est rassurant!  Dommage qu’on n’ait pas réalisé à quel point tout est relié, chez un enfant. Ce que nous proposions de faire, cette maman et moi, était d’offrir la possibilité à un œil extérieur et averti, de contribuer aux échanges qui pourraient favoriser la réussite de cet élève. J’aurais pu conseiller et faire des recommandations à cette enseignante, qui insiste pour utiliser un moyen très béhavioriste dans une situation d’opposition, qui visiblement ne fait qu’empirer la situation.)

Du même souffle, vous nous annoncez unilatéralement la fin de la fiche de suivi mise en place par l’enseignante.

(La maman a en effet émis le désir de ne plus recevoir ces fiches d’évaluations quotidiennes, qui notent la moindre opposition de cet enfant envers un travail qu’il perçoit comme étant trop difficile. Les répercussions sur le climat familial, en soirée, sont plus dommageables qu’aidantes)

Pendant ce temps, les enjeux sont les mêmes. *** présente toujours des comportements d’opposition et d’autres difficultés qui relèvent d’un éventuel déficit d’attention.

Madame *** (son enseignante) désire poursuivre la fiche de suivi. Cette fiche lui permet de prendre un moment privilégié avec votre fils pour discuter de son attitude en classe. L’enseignante constate que votre fils est fier et souriant lorsqu’il a une bonne période. Ce moyen sera donc maintenu.
(Si ce n’est pas une façon d’envoyer promener la maman…)

Par ailleurs, nous n’avons pas l’intention de rencontrer madame Potvin ni de la laisser venir observer en classe. L’école peut offrir des services de psychoéducation à votre enfant.

Je vous demande encore une fois de considérer l’opinion de l’équipe-école et d’y réfléchir.

Merci et bonne fin de semaine,

***
Directeur



Des trous de larmes (suite)

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Une erreur qui avait attiré mon attention, aussi, est celle qu’il avait faite dans le mot VIN, l’écrivant VNI.

Comme pour toute autre forme d’erreur, il a dû recopier le mot trois fois. Ce qui ne sert à rien, je vous l’ai déjà dit?

J’utilise le gant lourd, quand il s’agit d’une erreur où les lettres du phonème sont toutes présentes, mais inversées dans l’ordre, par exemple.

Ce gant aide à mieux sentir les mouvements d’écriture, et donc à les mémoriser.

Voici la procédure:

1.Je trace en gros les lettres du phonème, dans ce cas, le son IN, sur le TBI,

2. L’élève passe plusieurs fois, lentement, par dessus ces lettres, avec son doigt seulement.

3. Il passe ensuite avec le surligneur,

4. On trouve un truc (en l’occurrence une histoire, un petit scénario) qui fera en sorte d’aider l’élève à se souvenir de l’ordre des lettres
qui forment ce phonème.
Ici, le petit a trouvé (dommage, j’ai loupé la photo) que le i avait deux oreilles et qu’il s’agissait d’un lapIN.
Il pouvait entrer dans son terrier, qui se trouve juste à côté…

Le fait que ce soit tracé en gros, et qu’on puisse diminuer la grosseur progressivement aide beaucoup.

L’utilisation du gant lourd aide son corps à intégrer le mouvement, le sens du tracé, et à retenir l’ordre de ces lettres.
L’imagination sert la mémoire. L’enfant peut recourir au scénario imaginé en cas de doute.

Quand nous passons par la suite aux interlignes du tableau, puis ensuite dans son cahier, nous le savons.
C’est réglé.

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Merci à la maman de ce petit, qui m’a permis de partager ce moment avec vous.

Je vous laisse la référence pour le gant lourd:    http://bit.ly/1kWPWkW

Marielle Potvin, orthopédagogue
marielle.potvin@gmail.com



Mais au fait, pourquoi pleure-t-il, ce petit?
2 février 2014, 11:05
Filed under: Non classé

Il est entré au Centre d’apprentissage en regardant par terre. C’est souvent comme ça la première fois.
Je lui demande, après quelques présentations, de répondre lui-même aux questions habituelles à l’ouverture d’un dossier. C’est comme ça que je mesure son rapport à l’erreur. C’est sûr qu’un enfant de cet âge ne connait pas son code postal. Je lui demande quand même et j’observe sa réaction.

Dans ce cas, les manifestations de l’anxiété ne tardent pas à se faire connaître. Je saurai donc que quand il est anxieux, il regarde ailleurs et me parle d’autre chose. J’en profite alors pour le rassurer. Ici, il n’y a pas de notes, pas de bulletins. Ici, rien de grave ne pourra arriver si on ne donne pas une bonne réponse. Ça va déjà mieux et mon chat fait le reste 😉

Deuxième rencontre.

J’avais eu l’occasion d’étudier attentivement son cahier de dictées. Ma première observation se porte sur les types d’erreurs.
Quelques exemples:  un enfont, c’est brin (couleur), un savon (pour un savant…)

Un appel à la mère a suffit pour confirmer un doute: le papa est  »fronçais! »
Ben voilà!  Des exercices de discrimination auditives seront utiles à ce petit, qui n’a pas encore fait la nuance entre brin et brun,
enfont et enfant, et quelques autres sons.

À l’aide d’un Whispy (petit amplificateur de sons),

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Je lui fait faire quelques activités de différentiation des sons :

1. On y va quand ?
2. Le banc est blanc.
3. Ton oncle est grand.
4. Prends ton temps.
5. On vend du savon.

Puis, on passe au jeu suivant:

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Source:    http://bit.ly/1ky02Z9

Ça va déjà mieux 😉

Le Whispy sera utilisé à la maison, pour consolider tout ça lors des lectures.
On n’avait affaire ici qu’à une simple confusion auditive.

Cette fois, on se quitte avec le sourire.
Afin de mieux connaître cet élève et de lui fournir les ressources appropriées, je leur laisse un questionnaire
servant à déterminer le type d’intelligence de cet enfant.

Troisième rencontre.

Il me faudra bien aborder la question du ‘recopier trois fois…’. Même si on sait que souvent, cette façon de faire ne marche pas, on continue de demander aux élèves de s’exécuter. Par tradition, je crois.
Toujours est-il que nous avons affaire ici à un petit qui SAIT que ça ne marche pas.
Là, arrive la position délicate de demander de faire autrement. Mais comment, sans s’ingérer dans l’approche pédagogique de l’enseignante?
J’ai pris le parti de valider ce que l’enfant me dit. Ça ne marche pas, pour toi. On le constate.
 »Ce qu’on peut changer, maintenant, c’est le nombre d’erreurs que tu feras dans tes prochaines dictées.  »
Tu devras copier trois fois, soit, mais pour beaucoup moins de mots.

En prenant connaissance de ses résultats au test, on note une majeure en intelligence kinesthésique. (7 sur 10)
Le gamin est tellement préoccupé à ne pas bouger qu’il n’a presque plus d’énergie cognitive à consacrer à ses apprentissages.
Et ce n’est pas de l’hyperactivité!

Mon prochain défi sera de faire en sorte qu’on puisse libérer cette énergie. Pourrait-il travailler debout? Sur un Movin’sit?

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Aura-t-il droit, lors des dictées ou des activités d’évaluations, de manipuler quelque chose?
Une balle de stress, un Tangle? Je ne sais pas… Son enseignante acceptera-t-elle?

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Les réactions sont tellement variées, chez les enseignants, que je marche souvent sur des œufs.

Je peux l’outiller pour l’apprentissage de ses mots d’orthographe, par contre.
Je lui présente et lui recommande d’utiliser le site d’apprentissage de l’orthographe de Allô Prof.
Comme la plupart des parents, la maman n’en avait jamais entendu parler.
L’enfant pourra mémoriser les mots à apprendre en tapant les lettres sur le clavier, plutôt que d’avoir à les former en calligraphiant.
(sa mère aussi croyait qu’en copiant les mots, il les apprendrait…)
On libère ainsi l’espace cognitif pour l’apprentissage de l’orthographe, plutôt que du sens du tracé des lettres.

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Source: http://bit.ly/1dxj4MW

De plus, le fait que l’enfant puisse apprendre ses mots de façon autonome augmentera sa confiance en lui.
Il en a bien besoin.

À suivre…
La maman a fait une demande pour que je puisse l’accompagner lors du prochain plan d’intervention.
Nous attendons la réponse de la direction. 

Marielle Potvin, orthopédagogue



Des trous de larmes
29 janvier 2014, 21:45
Filed under: Non classé

trous

 

Le gamin me montre son cahier et m’explique:
-Là, j’avais 8 fautes. Là, c’est ma correction, trois fois chaque mot. Et là, ben là, c’est des trous de larmes.

Comme une naturelle éventualité, les trous de larmes sont revenus percer ses cahiers, à l’aube de sa 2e année.

Ce n’est qu’en novembre qu’il a commencé à refuser de faire certaines tâches qu’il trouvait trop difficiles. Comme paralysé, quand la difficulté lui semblait trop grande.  D’un commun accord, l’enseignante et la direction mettent en place un tableau d’évaluation, que l’élève garde avec lui et fait compléter quatre fois par jour, Des p’tits collants et des bravos, des encouragements et la récompense au bout de la semaine.
De bonnes intentions, sûrement.
De la confusion, certainement.

Si on pouvait ne pas nuire, au moins…

L’anxiété générée par cette évaluation systématique n’a en rien aidé cet élève à surmonter ses difficultés, elles ont empiré!
Elle est venue se superposer à celle d’échouer et maintenant, on dit de lui que c’est un enfant qui s’oppose.
Dans son cahier, on peut lire qu’il refuse de plus en plus souvent de faire le travail demandé, et c’est traité comme un trouble du comportement.

Dans son PIA (plan d’intervention adapté) il est écrit :
*que X doit se mettre au travail de façon autonome,
*qu’il doit faire le travail tel que demandé,etc.

Comme moyen pour y parvenir:
*un carnet d’évaluation

Comme moyen pour évaluer l’objectif:
*réussir au moins 80% du temps à se mettre au travail lorsque demandé.

Je m’inquiète pour cet élève.
À partir des 8 fautes, des mots copiés trois fois et des trous de larmes.
Mais surtout à partir de ce qui a suivi.

Marielle Potvin, orthopédagogue